Laure Adler Et Ses Fils
Laure Adler Et Ses Fils – Il y aura toujours une vie avant et une vie après le drame à partir de maintenant. On peut en rire, mais pas oublier. Il est possible de s’amuser, de rire, de travailler dur et d’aimer profondément ; la guérison, cependant, est impossible. Le fils de Laure Adler a disparu il y a de nombreuses années.
Parce qu’il répond aux critères de la mort instantanée. Mais cette disparition lui faisait moins mal que les autres car il avait passé des mois en soins intensifs avant d’enfin tenter de se libérer. Pourquoi écrire ce récit plus de vingt ans après la disparition de son fils ?
Parce que la vie est pleine de pièges hilarants. Un matin, Laure Adler a été tuée dans un accident de voiture qui aurait pu être évité. Le soir, il regarde son chronomètre et se rappelle qu’aujourd’hui est l’anniversaire de la mort de son enfant. Dix ans se sont écoulés depuis le début de la longue plongée aux enfers, mais il reste encore des lueurs d’espoir.
Laure Adler se pose ces questions depuis 37 ans : “Si j’avais été là, si je n’avais pas travaillé, aurais-je pu sauver Rémi ?” et “S’il avait été emmené dans un meilleur hôpital, aurait-il pu récupérer? Depuis quelque temps, Laure Adler continue de vivre.
Elle est la fière mère de deux filles et a construit une carrière réussie en tant qu’historienne, journaliste et biographe. Après deux ans à la barre, France Culture s’est épanouie sous sa houlette. Contrairement à la gravité d’une telle blessure, les outils de la renommée ne sont que des chiffons. “Je n’écris pas ceci pour le garder pour moi Je n’écris pas pour atténuer la douleur.
Je sais depuis près d’une décennie et demie que la souffrance est et sera toujours à mes côtés. Nous partageons un appartement. Je n’aurai qu’à laisser tomber. De temps en temps, elle me donne une claque sur la tête et m’assomme. Depuis, elle compose avec la culpabilité des rescapés.
Le temps ne peut pas rattraper ce qui a été perdu. Laure Adler porte ce texte avec elle depuis des années, et maintenant qu’il est enfin sur papier, les choses ne seront peut-être plus jamais les mêmes pour elle. Le blues s’est endormi, mais il est prêt à renaître à tout moment, brillant comme le premier. C’est un livre dur, déprimant, mais beau. L’humanité et l’amour qui émanent de ces pages compensent ce qui ne l’est pas.
Elle est également mère de quatre jeunes. Malheureusement, Rémi, 9 mois, est décédé en 1985. Le retour est une certitude. dans son tout nouveau livre sensationnel. Cette franchise, parfois dure, lui vaut le respect de sa mère mais lui rappelle aussi des souvenirs de blessures passées.
Laure Adler explique dans les pages du magazine Elle : “Quand Paloma est partie vivre aux États-Unis, je ne lui ai pas dit, mais ce fut une grande souffrance de la voir grandir en dehors de moi. L’éducation de Paloma a été semée d’embûches. Elle a cessé de manger et de dormir et est devenue anorexique. le fils dont ses parents ont fait une fausse couche avant sa naissance.
Il n’y a pas beaucoup de secret autour de cette tragédie familiale. Ce soir, l’auteure avait dédié son livre à A. Pourtant, elle n’évoquait pas le sujet quotidiennement dans le cocon familial. Puis Paloma est entrée sans faire de bruit. Alain et moi étions ravis d’attendre notre premier enfant, et je n’ai pas évoqué Rémi une seule fois pendant sa grossesse ou après.
Laure Adler est maman de quatre petits. Son frère aîné est né dans les années 70. En 1985, Rémi décède tristement. Pour être tout à fait honnête avec vous, ma mère a une grande photo de Rémi accrochée dans sa chambre à côté d’une pléthore d’autres photos.
Laure Adler tente de raconter ce qui s’est passé dans les semaines qui ont suivi la mort de son fils et avant que les appareils qui le maintenaient en vie ne soient éteints. Alors qu’elle essayait de dépasser un camion le matin, elle a failli entrer en collision avec une voiture. «
L’autre automobiliste a dit à Laure Adler immobile au milieu de la route, tétanisée et prête à mourir : ” On a failli mourir… ” Mais la mort n’est pas encore arrivée. Adler ne parle à personne des choses qui ne se sont pas produites parce que, comme il le dit, “pourquoi parler de quelque chose qui n’a pas existé?
Après une douche nocturne, elle enlève sa montre et constate que le cadran a été pressé, révélant les mots précédemment gravés. Ce soir-là, toutes les traces de celui-ci ont été presque effacées, grâce à la personne qui le lui a donné. Ici, nous avons la preuve irréfutable que rien ne se passe. Le seul détail lisible est la date : 13 juillet, 17 ans après la mort de Rémi. Le texte suivant, écrit par elle, m’a été imposé à la dernière minute. Il est sorti de nulle part.
Est-il possible de donner un nom à l’événement ? Quelque chose peut-il arriver, et sommes-nous capables de l’accepter si c’est le cas ? Est-il possible d’admettre que vous vous êtes trompé, ou cela vous amènerait-il probablement à vous retrouver ailleurs que là où vous aviez l’intention d’aller et vous forcerait à faire marche arrière ? Un événement est tout ce qui se produit ; c’est quelque chose qui apparaît soudainement et d’une manière inattendue ; c’est quelque chose qui modifie le statu quo.
C’était comme si une bombe avait explosé ou quelque chose comme ça. Et ça… qu’est-ce que je dis ? Car comment autrement pourrait-on l’exprimer verbalement, le traduire dans une autre langue, le recréer, le symboliser, lui donner voix, etc. ? Peut-on parler d’un événement sans mentir ni changer son histoire ?
De nombreux survivants de l’Holocauste ont commenté la difficulté de mettre des mots sur ce qu’ils ont vécu. Ils ont affirmé avoir communiqué depuis une certaine nuit, en commençant par des sujets qui avaient jusque-là échappé à leur conscience, leur compréhension et leur entendement. Le corps parle, mais il parle aussi de ce qui n’a pas été dit, du pourquoi il n’a pas pu être pleinement présent ; il parle d’un événement qui n’a été que partiellement vécu.
C’est quelque chose que les survivants de l’Holocauste ont dit et répété : beaucoup de gens ne croient pas leur témoignage car ils n’étaient pas présents pendant le génocide. Ceux qui ont traversé l’épreuve partagent leurs histoires au profit des autres en leur racontant ce qu’ils ont vu et vécu de seconde main. Mais quelqu’un a-t-il déjà vu quelque chose se produire ?
N’est-il pas vrai que pour décrire un événement, il faut nécessairement créer quelque chose de nouveau et de distinct de l’événement décrit ? L’acte de parler déforme ce qui est dit, de sorte que ce qui est dit n’est jamais ce qu’il semble être ; c’est ainsi, pour Derrida du moins, qu’il est à la fois possible et impossible de dire quoi que ce soit.
Derrida illustre ses propos par des actes hypothétiques dont la faisabilité augmente en proportion directe de leur improbabilité. C’est donc le type de don qui, pour être un don, ne doit jamais être reconnu comme tel, puisqu’à l’instant où il est, il cesse d’être un don. Et si ce n’est pas officiellement reconnu comme un cadeau, cependant? Selon Derrida, « si c’est possible, cela doit paraître impossible », ou « cela ne peut être possible que comme l’impossible » (sic).
Dans la même mesure, le pardon ne peut être étendu que si l’offenseur est disposé à l’étendre à l’impardonnable (car pardonner au pardonnable serait hypocrite). Et il en va de même pour l’hospitalité : elle ne se produit pas lorsque nous accueillons ce que nous attendons ou ce que nous voyons venir.
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